Conférence de Thanh Lan Doublier et d’Emmanuelle Aboaf
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Présentation des oratrices

Emmanuelle ABOAF

  • Sourde de naissance et appareillée de 2 implants cochléaires
  • Développeuse Fullstack depuis 10 ans
  • Salariée chez Shodo Paris
  • Membre de Duchess France
  • Membre du groupe de travail “CNCF Deaf and Hard of Hearing”

Thanh Lan DOUBLIER

  • Devenue sourde à l’adolescence suite à une maladie génétique rare (appareillée aux deux oreilles)
  • Développeuse, ex Machine Learning Engineer chez AXA France
  • Bénévole chez Latitudes et Data for Good

L’intelligence artificielle et handicap, une combinaison qui matche ?

L’intelligence artificielle, c’est quoi ?

L’IA, c’est une discipline dont le but est de parvenir à imiter les capacités cognitives d’un être humain par une machine.

« La personne concernée a le droit de ne pas faire l’objet d’une décision fondée exclusivement sur un traitement automatisé […] produisant des effets juridiques la concernant ou l’affectant de manière significative de façon similaire.​ »

Article 22 de la loi RGPD

État des lieux sur le Handicap

En France, 1 personne sur 5 est handicapée et 80% des handicaps sont invisibles. (Source : Ministère de l’Éducation)

Il existe 5 grandes familles de handicaps :

  1. Moteur : difficultés à se mouvoir, à effectuer certains gestes, parfois à communiquer…
  2. Sensoriel : Troubles visuels et auditifs, allant de légers à profond…
  3. Intellectuel : limitations de la compréhension, de la conceptualisation, de la communication…
  4. Psychique : Troubles de la personnalité affectant le comportement et la pensée…
  5. Maladies invalidantes : maladies pouvant entraîner un état de fatigue importante et une réduction de l’activité : cancer, VIH, sclérose en plaques…

L’IA en pratique

Sans données, il n’y a pas d’IA.

L’IA fonctionne ainsi :

  1. Analyse des données disponibles
  2. Définitions des métriques et des hypothèses
  3. Sélection et entraînement du modèle
  4. Évaluation du modèle
  5. Industrialisation

 

L’IA appliquée à l’handicap, ça donne quoi ?

Si on demande à l’IA de générer des photos de personnes handicapées, en se basant sur, par exemple, les photos sur internet, qu’est-ce que ça nous renvoi ?

Principalement des photos de personnes en fauteuil roulant. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un biais : le stéréotype handicap = fauteuil roulant.

Par exemple dans la génération d’image : on va sur-représenter les personnes en fauteuil roulant alors que 80% des handicaps sont… invisibles.

Une IA va toujours donner une réponse. 

Image générée avec Crayion

Le cycle de vie dans l’IA


Les apports de l’IA dans la vie des personnes handicapées

Sous-titrage et transcription automatique

Les sous-titrages et la transcription automatique sont de plus en plus efficaces et de plus en plus utilisés au quotidien. Ils ne sont pas fiables à 100% et nécessitent l’intervention humaine pour corriger les erreurs.

Lors d’une visioconférence, il y a des erreurs de sous-titrage automatique et il faut utiliser la suppléance mentale (lecture labiale grâce à la caméra, écoute grâce aux aides techniques et analyse du contexte).

Langue des signes automatique

La startup KEIA propose de traduire les contenus automatiquement en Langue des Signes Française (LSF) via un avatar en 3D, mais cette technique n’est pas encore totalement au point.

Seeing AI est une application développée par Microsoft permettant de décrire automatiquement l’environnement qui nous entoure. Elle permet, entre autres, de :

  • Lire le texte à voix haute dès qu’il s’affiche devant la caméra
  • Scanner un document et le lire à voix haute
  • Émettre des signaux sonores pour localiser les codes-barres puis les analyse afin d’identifier les produits
  • Reconnaître les personnes autour de soi et de déchiffrer leurs émotions
  • Décrire les scènes et reconnaître des images
  • Identifier les billets de banques

Be my Eyes est une application qui met en relation entre les personnes aveugles et malvoyantes et les bénévoles. Les bénévoles fournissent, via l’appel vidéo, une assistance visuelle aux utilisateurs et utilisatrices aveugles et malvoyants.
Avec GTP-4, Be My Eyes a conçu un nouvel outil Virtual Volunteer. L’IA serait capable d’analyser le contexte et de donner la réponse comme le ferait un bénévole humain.


Mais, une question demeure, est-ce que la personne aveugle ou malvoyante peut faire aveuglément confiance à l’IA ?

 

D’autres innovations qui peuvent être utiles

Emoface, une IA qui permet de reconnaître les émotions

L’IA pourrait aider à manœuvrer les fauteuils roulants et détecter les obstacles pour les éviter (comme pour les voitures autonomes)

Avoir une canne intelligente permettant d’anticiper les obstacles et de diriger la personne aveugle ou malvoyante vers la destination choisie

Pouvoir re-formuler autrement les textes compliqués (avec Wiseone)

Réduire les sons environnants grâce à l’IA dans les appareils auditifs (Oticon)

 


Les risques de l’IA

L’IA à des biais sur le handicap, en fonction de ce qu’elle apprend et elle n’a pas d’empathie.

Thanh Lan Doublier et Emmanuelle Aboaf ont demandé à Midjourney d’imaginer une personne handicapée, une personne sourde et une personne sourde développeuse (cf image ci-dessous, de gauche à droite).
On peut voir que les images ne correspondent pas à la réalité.

Les IA sont des outils

  • Les reconnaissances des sons, par exemple, peuvent provoquer des faux positifs ;
  • Des obstacles non détectés car non prévus dans les algorithmes : ex une voiture autonome qui n’a pas su reconnaître l’obstacle devant elle et l’a écrasé ne sachant pas si c’était un humain ou non ;
  • Des termes ou contextes qui ne veulent rien dire ;
  • Des erreurs existent et il faut les corriger car ils peuvent accentuer les risques de discrimination.

Implémentation de l’IA dans les outils et sites web

L’IA est créateur de nouveaux outils révolutionnaires dans l’accessibilité numérique :

  • Chatbot : permet à des personnes ne pouvant pas téléphoner ou se déplacer d’avoir des informations de manière plus simplifiée
  • Lecture de l’écran et/ou résumer les blocs de textes
  • Reconnaissance des visages et des gestes

Tous égaux devant l’IA ?

Malheureusement, en fonction des langues à traiter, il y a plus ou moins de modèles entraînés. Par exemple, l’anglais possède un plus grand nombre de modèles entraînés que le français.


Comment concilier l’IA avec le handicap ?

Il faut apprendre à l’IA tous les types de handicap et ne rien faire sans les personnes concernées : Nothing about us without us.

Les images proviennent des slides.